La personne qui s’entraîne régulièrement s’aperçoit progressivement de modifications subtiles dans sa vie de tous les jours. Ce sont quelquefois des changements radicaux, mais le plus souvent, c’est une qualité de présence qui se développe, une qualité de vie qui s’installe, qui rendent la personne plus confiante, plus sereine devant la vie et ses aléas.
Savoir profiter des bons moments, savoir faire face aux difficultés sans chercher constamment des recettes-miracles ou des coupables, se poser comme sujet, sujet responsable, conscient, libre.
Cela se construit jour après jour, ce n’est jamais terminé, ce qui explique que (et c’est là que) nous nous heurtons plus ou moins régulièrement à la lassitude, au ras-le-bol, car finalement, « c’est toujours pareil! » Lorsque nous faisons une chose pour la première fois, cela intéresse le moi; lorsque nous répétons cette même chose des dizaines de fois, cela l’ennuie; si nous la refaisons des milliers de fois, cela le transforme.
C’est vrai, lorsque nous avons réalisé un geste quelque fois, apparaît le phénomène « d’habituation », c’est-à-dire que le message est engrammé (intégré) au niveau du système nerveux, et le geste peut alors s’effectuer de façon automatique. Ce phénomène physiologique est très utile dans la vie quotidienne: imaginons, par exemple, ce qui se passerait si chaque fois que nous conduisons notre automobile nous nous retrouvions dans la même situation que la première fois! Ce serait épuisant. Mais dans une démarche d’élargissement du champ de conscience, l’habituation peut apparaître plutôt comme un obstacle. Lorsqu’un geste est intégré, il est nécessaire d’y « mettre de la conscience », de vivre pleinement l’instant présent, pour que se produise un réel enrichissement et progressivement un dévoilement de la conscience. Il s’agit de vivre ce geste « comme si c’était la première fois » (et de fait, c’est vraiment à chaque fois une nouvelle fois, même si je le refais mille fois).
L’habituation va permettre de ne plus être « fasciné » par la nouveauté, elle va permettre de nous libérer de l’exécution proprement dite pour vivre pleinement les sensations, pour porter un regard neuf sur ce que nous sommes en train de vivre, à condition, je le répète, de se placer dans cette intentionnalité. Alors, l’habituation n’est plus un obstacle (au contraire!); la répétition ne devient pas routine, elle transforme. Évidemment, pour en arriver là, il faut s’entraîner!…
Mais comment se motiver pour pratiquer jour après jour, semaine après semaine, mois après mois ? C’est bien sûr, l’affaire de chacun. Les objectifs précis sont des facilitateurs: arrêter de fumer, ou de boire ou de trop manger, préparer une épreuve quelconque (examen, maternité, compétition sportive, concert, etc.), mieux dormir, améliorer sa mémoire, etc.
Une fois l’objectif atteint, de nombreuses personnes se rendent compte qu’elles ont en même temps améliorer leur qualité de vie. Pourtant, cela ne suffit pas toujours pour les inciter à continuer. Il y a ceux qui veulent devenir sophrologues… Combien d’étudiants s’entraînent tous les jours? Et qui continuent ensuite, quand ils sont devenus des professionnels? Il y a les sophrologues, qui, normalement, s’entraînent quotidiennement. Qu’en est-il exactement? (Question d’autant plus grave que le sophrologue demande aux autres de s’entraîner chaque jour.)
À chacun de trouver sa propre motivation.
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