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Le stress post confinement.


Huit semaines après sa mise en place, le confinement a pris fin le 11 mai en France.

Le gouvernement reste cependant prudent: si le taux de contamination repartait à la hausse, un second confinement serait envisagé.

Pour une bonne partie des millions de Français·es confiné·es depuis le 17 mars, cette date du 11 mai a fait malgré tout l'effet d'une délivrance. «On a l'impression de voir enfin une lumière au bout du tunnel ».

Confinées seules dans leurs appartements depuis le début de la crise, des personnes ont senti leur santé mentale décliner au fil des semaines. Au début certains ont essayé de faire du sport et de la relaxation pour se détendre, mais très vite ils ont fini par prendre des anxiolytiques pour calmer leurs angoisses.

Insomnies, perte d'appétit ou crises de boulimie, maux de tête et de ventre, fort besoin d'isolement… Si ces symptômes de détresse psychologique peuvent paraître familiers à beaucoup d'entre nous, peu d'études scientifiques permettent à ce jour de savoir précisément l'impact du confinement actuel sur notre santé mentale, que ce soit sur le court ou le moyen terme.

Il est probable que ce confinement en contexte pandémique ait confronté certains sujets à la fois à la peur de mourir (ou de la mort d'un proche), et à une mort venant d'un agent invisible dont il semble impossible de se protéger, donc à un vécu d'impuissance intense. Et cela dans un contexte d'isolement et de solitude, où il est plus difficile de partager ses émotions négatives et de trouver du soutien.

Face à des situations de stress, tout le monde ne part pas sur le même pied d'égalité. C'est ainsi que certaines personnes ont ressenti des angoisses dès les premiers jours de confinement, quand d'autres ont vécu ces huit semaines dans une totale sérénité. Il y a des vulnérabilités individuelles, liées la génétique, mais aussi à l'histoire personnelle; en particulier la survenue d'autres événements traumatogènes dans le passé qui auraient déjà fragilisé le psychisme.

Cela étant, le type de trouble, leur intensité ou leur pronostic n'est pas ce qu'il y a de plus préoccupant car il existe aujourd'hui des moyens de les soigner. Le plus inquiétant est le nombre de gens exposés à ces facteurs de stress et susceptibles de développer des complications. Des dizaines de millions de gens ont été confinés et exposés, soir après soir, à l'énumération du nombre de morts à la télévision.

Reste à déterminer combien de temps ces troubles psychologiques risquent de se poursuivre même après le déconfinement.Le rétablissement se fera spontanément et de manière plus ou moins rapide, en fonction des ressources internes de chacun, de sa capacité à réinvestir sa vie, de la qualité du soutien de son entourage, et… de la résolution de la crise. Cela ne sera pas pareil si l'on trouve un vaccin et que l'épidémie s'arrête, ou si des vagues se succèdent. Encore plus si ces vagues sont imprévisibles et que nous sommes maintenus dans un climat d'insécurité continue.


Pour certaines personnes, la résilience pourrait prendre beaucoup plus de temps. Des études rapportent la persistance de symptômes plusieurs années après la fin des quarantaines.Il s'agit là d'une minorité de patients, mais 10% de sujets sur une population de plusieurs millions de gens confinés constitueraient une très inquiétante crise de santé publique.

Le défi sera alors de repérer cette minorité de personnes pour les prendre en charge de manière adaptée. Il faudra à tout prix éviter de banaliser la souffrance des sujets allant mal en leur disant “ça va passer”. Il est vrai que pour la plupart d'entre nous, “ça va passer”. Cela ne doit pas nous faire négliger ceux pour qui cela ne sera pas le cas.

La résilience de la société va être très importante sur le moral des individus. Si on arrive à se reconstruire au niveau économique et sociétal dans un climat d'énergie collective, de partage et d'espoir collectif, cela sera plus facile que si on se sent mal dans un climat dur, austère et autoritaire.

Outre les professionnel·les de santé, l'État et les médias ont des rôles importants à jouer auprès de la population.

En informant des conséquences psychologiques possibles du confinement, en les déstigmatisant et en communiquant de manière positive sur les soins possibles; les troubles psychologiques se soignent et le rétablissement est possible.


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